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Déclaration de la vice-première ministre à l’occasion de la 107e rencontre du Comité du développement

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Déclaration de l’honorable Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, au nom d’Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Barbade, du Belize, du Canada, de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de l’Irlande, de la Jamaïque, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines

La menace la plus préoccupante contre l’économie mondiale demeure l’invasion massive et illégale de l’Ukraine par la Russie. En plus des répercussions directes et déplorables sur des millions d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens, les actions de la Russie intensifient les défis économiques pour les personnes les plus vulnérables du monde, ce qui a pour effet d’exacerber les problèmes de longue date liés à la pauvreté, à l’inégalité des revenus et à l’insécurité alimentaire.

La séance plénière du Comité du développement se tient cette année à un moment critique, tant pour le développement mondial que pour l’ordre international fondé sur des règles qui sous-tend le mandat de la Banque mondiale. L’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie menace d’annuler les gains durement acquis en matière de développement, et les contrecoups de cette invasion mettent en péril les progrès vers un développement propre, résilient et inclusif.

Le Canada et les pays membres sont fermement résolus à soutenir le gouvernement et le peuple ukrainiens dans leur lutte contre l’invasion illégale menée par la Russie. Depuis février 2022, le Canada a versé plus de 8 milliards de dollars canadiens sous forme d’aide financière, militaire et humanitaire directe à l’Ukraine, et a imposé des sanctions sévères contre la Russie et le Bélarus. L’Irlande a offert une aide bilatérale, par l’entremise d’une aide de l’Union européenne et d’un soutien important aux réfugiés.

Au nom de nos membres, nous saluons la réponse rapide et globale de la Banque mondiale pour soutenir l’Ukraine, qui a permis de mobiliser plus de 20 milliards de dollars américains pour que l’Ukraine puisse continuer d’offrir des services gouvernementaux essentiels, de maintenir les infrastructures critiques et de répondre aux besoins humanitaires. Compte tenu de l’ampleur des besoins financiers de l’Ukraine, nous encourageons la Banque à faire preuve de plus d’ambition pour permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de se reconstruire. De plus, la Banque doit jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation de capitaux privés pour la reconstruction de l’Ukraine, notamment en atténuant les risques et en favorisant la confiance des investisseurs.

Les effets de l’invasion illégale menée par la Russie continuent de se faire sentir partout dans le monde, ce qui provoque des chocs importants dans les systèmes alimentaires et énergétiques mondiaux accompagnés d’une inflation accrue, d’une vulnérabilité élevée de la dette et d’une instabilité macroéconomique. Un nombre record de 345 millions de personnes, principalement dans les pays à faible revenu et vulnérables, fait maintenant face à une grave insécurité alimentaire. Nous saluons le travail de la Banque mondiale pour l’ampleur et les effets de sa réponse rapide face à ces crises, notamment grâce au cadre de riposte aux crises, qui mobilise jusqu’à 170 milliards de dollars américains pour appuyer les pays en développement.

Les changements climatiques et la perte de biodiversité demeurent des menaces préoccupantes pour l’humanité et nécessitent une action urgente. Nous sommes conscients que la Banque mondiale est maintenant le plus important bailleur de fonds en matière de financement climatique pour les pays en développement, et nous saluons les progrès qu’elle a accomplis pour harmoniser ses activités de financement avec l’Accord de Paris. Nous encourageons la Banque à continuer à faire des investissements ambitieux pour soutenir les pays membres dans leur transition vers un développement propre, résilient et respectueux de la nature, ainsi que pour améliorer et simplifier l’accès au financement pour les petits États insulaires en développement. Nous invitons la Banque à évaluer attentivement l’avantage d’intégrer des clauses de dette résiliente au changement climatique dans ses accords de prêts. De plus, nous demandons à la Banque d’aligner son financement sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal et son Fonds afin d’atteindre notre objectif collectif consistant à mobiliser au moins 200 milliards de dollars américains sous forme de financement international annuel pour la biodiversité d’ici 2030.

Nous saluons le Programme d’évolution, qui présente la façon dont les défis mondiaux et les objectifs nationaux en matière de développement sont intrinsèquement liés. Le double objectif de la Banque, soit la fin de l’extrême pauvreté et la stimulation d’une prospérité commune, ne peut être atteint sans l’adoption d’approches inclusives au développement durable qui renforcent la résilience aux chocs.

De nombreux défis mondiaux, comme les changements climatiques, les pandémies et la fragilité, ont des effets disproportionnés sur les femmes, les filles et les personnes vulnérables.Nous encourageons la Banque à adopter une approche intersectionnelle dans l’ensemble de ses opérations de développement et dans le cadre de l’élaboration des réponses aux défis mondiaux qui font progresser l’égalité des genres, ainsi qu’à accorder la priorité au soutien aux plus pauvres et aux plus vulnérables.

Le Programme d’évolution fait fond sur de nombreuses années de travail visant à optimiser le bilan de la Banque mondiale et à améliorer l’efficience du capital. Nous accueillons favorablement l’intention de la Banque de mettre en œuvre les recommandations de l’évaluation du G20 des cadres d’adéquation des fonds propres pour renforcer la capacité de prêt tout en protégeant sa cote de crédit AAA. À l’avenir, nous espérons voir des progrès dans les propositions visant à mieux utiliser le capital exigible de la Banque.

La mise en œuvre du Programme d’évolution et des recommandations découlant de l’évaluation des cadres d’adéquation des fonds propres contribuerait aussi à l’atteinte de l’objectif de l’Initiative de Bridgetown en renforçant le soutien aux pays en développement qui font face à des crises concomitantes. L’Initiative de Bridgetown est un important appel à l’action qui a revigoré la conversation sur la réforme des institutions financières internationales et est complémentaire aux efforts collectifs déployés pour faire évoluer la Banque mondiale.

Compte tenu de la rareté de l’aide officielle au développement, la Banque doit aussi renforcer sa capacité à faciliter les investissements de capitaux privés dans le développement et à mobiliser davantage de ressources nationales. Il est donc essentiel de s’attaquer aux obstacles réels et perçus relatifs aux investissements dans les marchés émergents et frontaliers. Le Canada continuera de déployer des efforts pour adapter la perception du risque dans ces marchés et attirer des capitaux privés pour répondre aux besoins en développement. Nous demandons à la Banque de faire preuve de leadership auprès des banques multilatérales de développement en transformant le consortium international pour la mise en place d’une base de données mondiale sur les risques des marchés émergents, et en le rendant accessible à un public plus large, comme des investisseurs, pour aider à pallier cet obstacle à la mobilisation de capitaux. Nous soutenons les progrès continus du Programme d’évolution et aimerions recevoir de plus amples détails sur les programmes proposés relatifs aux priorités mondiales.

Les pays en développement font face à des défis véritables et préoccupants. Pour ce qui est des solutions, les attentes sont grandes envers la Banque, tandis qu’elle continue d’orienter les progrès vers l’élimination de la pauvreté extrême et de promouvoir une prospérité commune. Le Canada et les pays membres sont déterminés à collaborer avec tous les pays membres pour aider la Banque mondiale dans son évolution qui lui permettra de relever ces défis.